Scènes Créma de David Olère
« Blocks II à V à Auschwitz II-Birkenau », David Olère, 1945
Lavis et encre de Chine sur papier
Musée des Combattants des Ghettos, Galilée, Israël
« Dans la salle de déshabillage », David Olère, 1946
Lavis et encre de Chine sur papier
Musée des Combattants des Ghettos, Galilée, Israël
« Dans la chambre à gaz », David Olère, 1950
Lavis et encre de Chine sur papier
Collection privée
« Après le gazage », David Olère, 1946
Lavis et encre de Chine sur papier
Musée des Combattants des Ghettos, Galilée, Israël
« Nos cheveux, nos dents et nos cendres », David Olère, 1946
Lavis et encre de Chine sur papier
Yad Vashem, Jérusalem, Israël
« Dans la salle des fours », David Olère, 1945
Lavis et encre de Chine sur papier
Musée des Combattants des Ghettos, Galilée, Israël
L’enfant, la mort et l’amour
L’enfant, la mort et l’amour
Récit de Jerome Petit, préface d’Edmond Michelet.
Janvier 1962 ; 211 pp ; Aux éditions La Table Ronde; Collection « L’ordre du jour ».
Présentation :
L’univers concentrationnaire est découvert par un jeune garçon que la guerre a surpris dans ses rêves. Dans son petit village de montagne, il aimait à se cacher dans une grotte où il n’aurait pas été étonné de voir surgir ses héros préférés, Zorro et Buffalo Bill. Ils semblent lui apparaître un jour sous les traits concrets de deux maquisards qu’il cache et c’est comme cela qu’il sera emprisonné et envoyé vers l’Est.
Les épreuves auxquelles l’enfant échappe, grâce au « miracle » des bombardements alliés et de la Libération, ont fait de lui un homme. Entre deux scénes d’horreur, il a pressenti l’amour humain à la vue d’une belle dame SS. Aprés la guerre, il s’éprend d’une compagne de rencontre, mais il découvre qu’elle est allemande. Il n’a pas à lui signifier la rupture. C’est elle-même qui, dans une lettre qui termine le livre, renonce à lui, sa nationalité la rendant solidaire des crimes commis.
L’Enfance, la Mort, l’Amour, on trouvera tout cela dans ce livre poignant, au style sobre et précis, d’une psychologie émouvante et sûre.
Préface d’Edmond Michelet
Si l’auteur du beau livre qu’on va lire a demandé à l’actuel ministre de la Justice de lui consacrer quelques lignes de préface, ce n’est sans doute pas pour ajouter un réquisitoire au sien, mais c’est vraisemblablement parce que ce Garde des Sceaux a connu lui aussi la déportation et qu’il s’est efforcé après David Rousset, Martin-Chauffier et tant d’autres, de décrire un des aspects de ce monde concentrationnaire auquel on voudrait ne pas croire.
Des raffinés se sont offusqués naguère de voir l’indomptable petit Etat d’Israël instruire avec sévérité le procès méthodique du gigantesque génocide qui atteignit, au-delà des juifs, des centaines de milliers d’hommes libres. Que ces délicats lisent donc les pages poignantes qui suivent ! Ils y découvriront les départs en wagons à bestiaux surpeuplés, le tri entre les travailleurs des Kommandos sinistres voués à la schlague, à la soupe claire et au pain noir, les condamnés aux chambres à gaz et aux crématoires. Ils y verront aussi les Reviers, simulacres d’hôpitaux où les matrones infirmières soignaient surtout à coup de fouet, les tortures, les viols…
En tant que chrétien, je sais qu’il faut pardonner les injures et c’est pourquoi j’ai particulièrement apprécié le passage de ce témoignage où l’auteur du récit recueille, à travers la fente du Bunker, où agonise un prêtre italien, le dernier passage de celui-ci: « Aimez-vous les uns les autres. » Comme homme politique, je pense qu’il faudra, au-delà de tous les ressentiments attachés aux souvenirs, finir par bâtir l’Europe. Mais « amnistie »ne doit pas être confondu avec « amnésie », ni charité chrétienne avec déni de justice.
Nous devrons donc absoudre après avoir jugé, construire après avoir analysé. La lecture de ce livre s’impose donc d’autant plus que l’intérêt dramatique y est ménagé à travers la monotonie des horreurs. En effet, l’univers concentrationnaire est découvert par un jeune garçon que la guerre a surpris dans ses rêves. Dans son petit village de montagne, il aimait à se cacher dans une grotte où il n’aurait pas été étonné de voir surgir ses héros préférés, Zorro et Buffalo Bill. Ils semblent lui apparaître un jour sous les traits concrets de deux maquisards qu’il cache et c’est comme cela qu’il sera emprisonné et envoyé vers l’Est.
Les épreuves auxquelles l’enfant échappe, grâce au « miracle » des bombardements alliés et de la Libération, ont fait de lui un homme. Entre deux scènes d’horreur, il a pressenti l’amour humain à la vue d’une belle dame S. S. Après la guerre, il s’éprend d’une compagne de rencontre, mais il découvre qu’elle est Allemande. Il n’a pas à lui signifier la rupture. C’est elle-même qui, dans une lettre qui termine le livre, renonce à lui, sa nationalité la rendant solitaire des crimes commis.
L’enfance, la mort, l’amour, on trouvera tout cela dans ce livre poignant, au style sobre et précis, d’une psychologie émouvante et sûre.
Edmond Michelet, Mai 1961.