Témoignage pour une demande en Béatification
Témoignage pour la demande en béatification de notre camarade Edmond Michelet, Président fondateur de l’Amicale des anciens de Dachau et Garde des Sceaux du Général de Gaulle.
Nous avons été, mes Camarades et moi, convoyés in fine à Dachau, en wagons à marchandises et à découvert, depuis le camp de Gross Rosen sous la neige qui tombait dru, au plus fort de l’hiver 1944. Nous y sommes arrivés comme des « stuck » ainsi nous désignaient les gardes SS, c’est-à-dire des morceaux de bois aussi maigres que des tiges! Même les membres de la Hitler-Jugen que nous croisions depuis la gare nous tiraient la langue et nous faisaient des signes démonstratifs de désignés de pendaison.
Nos corps glacés étaient si faibles sur le chemin menant de la gare au camp de Dachau que nous tombions fréquemment à terre! Gare à celui qui restait inanimé! Un coup de revolver accordé par un soldat SS l’achevait aussitôt.
En ce qui me concerne plus ou moins, nous étions nombreux à être atteints du typhus exanthématique: un mal que les poux répandaient sur nous et autour de nous en masse. Ces bestioles nous suçaient le sang et leurs piqûres nous amenaient à l’état de vertige ( de faim) tel que le souhaitait le haut commandement nazi.
Au lieu de cette désespérance qui nous attachait derrière les barbelés électrifiés, un homme habillé en bagnard s’est précipité à l’arrivée de notre convoi. Pour la première fois de notre vie concentrationnaire, quelqu’un nous accueillait avec des mots chaleureux nous apportant un peu de réconfort. Cet homme nous menait à un block et, avec des mots affectueux, nous obligeait à prendre une douche chaude! Les jours suivants, cet homme ne cessa d’aller parmi nous et de nous distribuer de l’un à l’autre des morceaux de bois provenant de châlits qu’il faisait carboniser. Il nous recommandait de les grignoter comme traitement à nous douleurs ventrales intenables qui nous vidaient de toute substance. Ensuite, cet homme qui avait réussi à s’attacher l’admiration des SS nous fit entrer dans le saint des saints d’une baraque de Dachau: le block réservé aux prêtres emprisonnés par les SS où une chapelle montée à la hâte nous assurait un peu de chaleur salvatrice. Cet homme de bien même au milieu de l’enfer, c’était Edmond Michelet, premier résistant de France, dés Juin 1940. A cette date, il transmettait des lettres dans les boîtes aux lettres des habitants pour les inciter à ne pas collaborer avec l’ennemi.
D’autre part, Edmond Michelet s’est employé à sauver le camp de Dachau de la destruction totale ordonnancée par Himmler en tentant d’obtenir des autorités du camp et l’ayant obtenu, leur renonciation à le faire sauter aux explosifs. Ce qui nous aurait exterminé tous d’un coup.
Je dois ajouter encore qu’Edmond Michelet m’entretenait souvent à l’abri, dans la baraque transformée en chapelle, de notre obligation : « si nous sortions vivants de Dachau, d’essayer de faire naître un symbole protecteur contre les exterminations futures… ». Ce symbole nous lui avons donné le jour avec le Général André Delpech en 1995, lors de notre congrès et pendant les exterminations au Kossovo.
A cet égard, nous étions reçu par Ferenc Madl, Président de la Hongrie ainsi que le Comité et nous-même.
Le but recherché était que de par son Aura, la France obtienne un consensus en faveur de la non extermination des peuples de la part de chaque chef d’Etat qui régissent politiquement sur toutes les destinées de tous les pays de la planète.
Marc Boissière